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N°6 • Logis de la Pinsonneraye

Campagne principale de construction : 18e siècle
Adresse : 11 Grand'Rue, Juigné-sur-Loire 49610 Les Garennes-sur-Loire

Dénomination de l’édifice : Logis
Titre courant : La Pinsonneraye

AD 49 3 P 4 – références cadastrales : 64-65 226-227 Cad Napo : 665-668

Historique

Cette demeure est classée sur l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1965. L’architecte en chef d’alors, Monsieur Enghehard, la citait comme l’un des plus purs spécimens en Anjou par son toit à la Mansart.

Ici, plus qu’ailleurs on constate la pureté et l’élégance de la courbe de rencontre des coyaux avec le bris. Les proportions du bris et du terrasson, tous deux couverts en ardoise sans zinguerie, donnent beaucoup de cachet à cette construction régionale.

Monsieur Enghehard, architecte en chef des Monuments Historiques

Aux assises de Clervaux, fief de la seigneurie de Juigné-sur-Loire, le 21 décembre 1685, Jeanne Pinson acquiert de la veuve de Mathurin Herbert une maison appelée “la Pinsonnerye” avec les jardins et appartenances (ADML E 718).

Cette appellation vient du nom d’un de ses aïeux Mides Pinczon résidant en la paroisse en 1576 (ADML E 718). La Pinsonnerye fut le logis de Jeanne Pinson et de sa famille.

Au début du siècle suivant, Maître Jean Marie de Castel, curé de Juigné-sur-Loire et archiprêtre de Saumur, riche propriétaire, acquiert cette demeure et entreprend de la restaurer. En quel état était-elle ? Nous l’ignorons faute de document. Jean Marie de Castel fait son testament devant Maître Nicolas Renou notaire à Juigné-sur-Loire, le 7 août 1747 (ADML E 717) : ”des dons aux pauvres de la paroisse et à ses dévoués domestiques, beaucoup de messes”. La succession de ”la demeure, vigne et groizeaux” échoit à son neveu François de Castel, écuyer à Saumur, lequel à la mort de son oncle en 1747, s’empresse de la céder. Le 6 may 1748, maître Nicolas Renou notaire royal à Angers en fait l’acquisition par devant Maître Cruau notaire aux Ponts-de-Cé, ”pour la somme de Mil livres” (acte d’achat de la Pinsonneraye ADML E 716 SE Cruau) (1). La maison était en travaux de restauration ”corps solide d’un bâtiment garny de quelques charpentes seulement faîtées”. Maître Nicolas Renou fit bâtir cet élégant logis, témoin de ce style nouveau remarquable de l’architecture du 18e siècle. Elle se caractérise par un toit à la Mansart couvert en ardoises et de belles lucarnes en tuffeau. La dot de son mariage avec Marie-Claude Chouinière lui permit d’acquérir l’étude de notaire à Juigné-sur-Loire et faire bâtir cette confortable demeure. Il résida notaire à Juigné-sur-Loire avec sa famille de 1740 à 1774. Décédé le 24 mai 1774 âgé de 58 ans, inhumé à Juigné-sur-Loire.

Lui succèdent Maître Mabire puis Maître Aigrefeuille. René Loizillon notaire à Juigné-sur-Loire de 1783 à 1792 rédigea les cahiers de doléances, recueillant les plaintes des habitants, preuve d’un engagement social et libertaire. On ignore où se trouvait leur étude. La Pinsonneraye était toujours la résidence de la famille Renou.

Le 18 avril 1797, les héritiers Renou vendent la Pinsonneraye à Jean-Baptiste Bunel dit ”le liquoriste”, commissaire du Directoire du canton des Ponts-de-Cé (archives municipales Moron 5 E 4) (2).

Le 10 août 1810, Jean-Baptiste Bunel revend la propriété à Pierre René Leveau négociant à Angers par devant J.A. Loir – Mongazon notaire à Juigné-sur-Loire (AM LOIR MONGAZON 5 E 90) (3).

Bientôt, à la Restauration, M. Auguste Poisson, curé de la paroisse se trouvant sans presbytère vint l’occuper et l’acheter de ses propres deniers à P.R. Leveau le 26 mars 1834 (4). Il la revendit à la commune de Juigné-sur-Loire avec autorisation préfectorale le 31 décembre 1836 pour la somme de 5 500 Francs. Il continua d’y résider (5).

L’abbé Henri-Ambroise Bernier (6), ne fût prêtre desservant de la paroisse de Juigné-sur-Loire qu’un an, de novembre 1850 à novembre 1851… Mais cet élégant logis construit il y a un an en 1748, par la négligence des propriétaires successifs est délabré, quasi inhabitable. Résigné il accomplit son devoir de curé de campagne, après avoir été vicaire général du diocèse.

Lui succède l’abbé Chauveau de 1851 à 1871. Il quittera ce presbytère alors désaffecté le 31 octobre 1858.

Le 5 juillet 1857, le projet d’une nouvelle cure entraîne la commune à mettre la demeure de la Pinsonneraye en vente aux enchères. L’acquéreur fut M. Joseph Bruneau, viticulteur (petit fils de Joseph Bruneau cordier et maire de la commune en 1794), pour la somme de 3550 Francs. Devenue exploitation agricole, cette demeure a perdu l’élégance et l’ordonnance des premiers jours. Il y adjoint un porche et une écurie. La propriété resta dans cette famille jusqu’à sa fin tragique.

Le 25 août 1944, Aristide Bruneau, le petit fils, son épouse Germaine Mandinaud et Mlle Breault une vieille servante sont victimes du bombardement par les Américains. Le porche des dépendances, où ils avaient cru être à l’abri, est détruit en même temps que le clocher de l’église occupée par les Allemands.

La maison sinistrée, exposée aux intempéries, reste inoccupée sous scellées.

En janvier 1950, M. André Penneau en fit l’acquisition aux enchères à la bougie en l’étude de maître Maupetit notaire à Brissac. Une restauration fidèle et soignée rendit à cette demeure bien abîmée tout son charme. Elle est toujours occupée par la famille de M. Penneau.

M. Penneau propriétaire des lieux et membre du CEPAJE.

La Pinsonneraye côté jardin

Annexes

(1) Achat de Me N. Renou à F. de Castel en 1748

Archives Départementales 49 – 5 E 716

(2) Vente Renou-Bunel en 1797

(3) Vente Bunel-Leveau en 1810

Archives départementales 49 – 5 E 90 16

 

(4) Vente Leveau-Poisson en 1834

Archives Départementales 49 – 5 E 90 58

(5) Estimation du logis en 1836

Archives Départementales 49

(5) Accord pour achat par la commune de Juigné en 1836

Archives Départementales 49

(6) L’abbé Henri Ambroise Bernier

Théologien et brillant enseignant, il brise sa carrière ecclésiastique en s’engageant dans le Gallicanisme, l’opposant à l’Ultramontanisme, doctrine religieuse qui donne au pape le pouvoir absolu. Mais cet élégant logis construit il y a un an en 1748, par la négligence des propriétaires successifs est délabré, quasi inhabitable. Résigné il accomplit son devoir de curé de campagne, après avoir été vicaire général du diocèse. Il reçut 2 amis restés fidèles, 2 grands personnages de l’Eglise, Mgr Angebault évêque d’Angers à qui l’on doit la sauvegarde des Tapisseries de l’Apocalypse. Mgr Regnier, ami de jeunesse collègue au petit séminaire de Beaupréau, devenu archevêque de Cambrai, bientôt Cardinal.

Archives Départementales 49 – Matrices cadastrales Juigné-sur-Loire

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