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N°10 • La Ligerelle

Campagne principale de construction : XVIe XVIIe
Adresse : 5 route des bas, Juigné-sur-Loire 49610 Les Garennes-sur-Loire

Dénomination de l’édifice : Logis
Titre courant : La Ligerelle alias “Les Magasins”

Archive Départementale 49. A 3 Juigné sur Loire 1809

Historique

L’actuel logis fut construit sur la base d’une modeste demeure paysanne aux murs de schiste grossier, datant du XIVe siècle comme en témoignent les tuffeaux d’encadrement d’une fenêtre et d’une petite porte visible sur la façade donnant sur la route des Bas.

Cette maison fut agrandie et transformée en un petit manoir au XVIe siècle, ainsi qu’en attestent la structure et l’architecture du bâtiment : rez-de-chaussée composé de deux salles spacieuses chauffées l’une et l’autre par deux grandes cheminées situées aux deux extrémités de la maison, étage composé de deux vastes chambres, surmonté d’un grenier orné de deux lucarnes; toit en forte pente avec un discret coyau ; deux pignons protégés par un rondelis en tuffeau surmontés d’une cheminée en damier alternant brique et calcaire ; poutres perpendiculaires à la façade. Une tour escalier hexagonale située au milieu de la façade principale donnant sur le jardin desservait les quatre salles du rez-de-chaussée et de l’étage. L’une des lucarnes du grenier était munie d’une potence avec poulie pour monter le grain et les denrées à mettre au sec.

Le premier propriétaire identifié dans les archives départementales, Pierre Marchais, épousa Jeanne Senil à St Jean-des-Mauvrets en 1655. (Acte ci-dessous)

AD 49 BMS St Jean des Mauvrets

Il était négociant en vins et donna à la propriété le nom de « Magasins ». Son négoce étant prospère, il construisit un vaste entrepôt perpendiculaire à la maison et longeant la rue allant au vieux Louet (rue du Pont du magasin). Le haut mur de pierres d’ardoise jointoyées par de la terre et un peu de chaux fut percé à sa base de deux larges ouvertures surmontées d’un arc en plein cintre constitué de longues barres d’ardoise disposées en rayons. Ces ouvertures donnaient sur un petit canal (ou, peut-être un chemin) rejoignant le débarcadère du Hardas tout proche. A l’extrémité de la construction, une petite pièce d’angle servait à contrôler les marchandises réceptionnées et expédiées. Un guichet percé dans le mur permettait aux vignerons de récupérer le ticket leur permettant d’être payés aux Ponts-de-Cé par le « Comptoir Hollandais des Indes orientales ». Par ailleurs, quelques petits bâtiments, le long de la route des Bas, furent construits pour servir d’annexes abritant le logement des employés, une boulangerie, une écurie, un hangar à charrettes et plus tard une distillerie. Seuls en subsistent une cave voutée en schiste avec un sol de larges ardoises ainsi que le puits toujours en service.

Les Marchais occupèrent la maison au XVIIe et au XVIIIe siècles et y effectuèrent des travaux d’embellissement entre 1730 et 1745 : en particulier, la tour d’escalier extérieure fut remplacée par un escalier intérieur aux marches d’ardoise se divisant en deux pour desservir le premier étage ; les petites ouvertures de la façade furent remplacées par des fenêtres plus larges ; une porte fenêtre fut ouverte et une nouvelle cheminée en marbre installée dans la pièce principale du rez-de-chaussée.

L’inventaire exigé (1) au décès, en 1745, de Joseph Marchais, petit fils de Pierre Marchais, montre l’importance du négoce réalisé : dans les celliers et bâtiments annexes étaient entreposés 164 pipes de vin – auxquelles il faut ajouter 51 pipes inventoriées dans les celliers de fermes lui appartenant. Une pipe contenant 420 litres, cela représentait plus de 90 000 litres. S’y ajoutaient 16 pipes d’eau de vie de prunes(2).

Le décès de Joseph Marchais entraîna le déclin de l’entreprise. La maison fut reprise par Claude Besnard-Courtin, marchand d’eau de vie, qui y installa en 1771 six chaudières à distillation. La maison resta propriété de ses héritiers Claude-Jean puis Elisabeth Françoise. Celle-ci légua son bien à son neveu Camille Jouvet qui le céda à son tour en 1884 à M et Mme Germain Chatenay, négociant à Angers. Leurs filles vendirent la maison à M et Mme Etienvre, qui la cédèrent en mai 1961 au Docteur et à Mme André Douesneau. Ceux-ci la cèdent à leur tour en 1967 au Docteur et à Mme Benoit Boumard qui en font une maison de vacances. Leur fille Chantal et son conjoint Daniel Verger reprennent la maison en 2018 et poursuivent les travaux d’aménagement intérieur pour en faire leur lieu de résidence principale.

Texte de C et D.Verger, propriétaires de la Ligerelle

Façade Nord (Photo privée)

Photo CEPAJE

A noter : Chemin du Pont du Magasin, une petite ouverture, reste d’un guichet où les vignerons récupéraient le ticket leur permettant d’être payés aux Ponts de Cé par le comptoir des Hollandais.

 

 

 

 

Annexes

(1) Récolement après décès de Joseph Marchais en 1746

(2) Inventaire après décès de Joseph Marchais en 1746

photo CEPAJE